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LA CRÉCHE DE NÖEL DANS LA
TRADITION MALTAISE
La
crèche de l'Enfant Jésus (en anglais ‘the CRIB’), fait partie intégrante de la
tradition de Noël et Malte ne fait pas exception.
Dès le mois
d'Octobre, des statuettes, connues à Malte sous le nom de «pasturi»,
sont mises en vente dans les magasins. Le mot "Pastur"
est dérivé de l'italien "PASTORE", qui signifie le berger: les bergers ont été
les premiers à visiter l'enfant Jésus à Bethléem.
La première
crèche construite à Malte remonte à l'an 1617 et était exposée dans l'église
Saint-Dominique, à Rabat. A quelques centaines de mètres plus loin, au Monastère
des bénédictines de la Médina, on trouve encore aujourd'hui une crèche datant de
1826. Vers le milieu du XIXe siècle, un certain Antonio
Fenech Muscat de Qormi,
construit une crèche mécanique dans son garage, qui il a ouvert au public. Le
mécanisme de fonctionnement de cette crèche était le suivant: de l'eau coulait
sur des ailerons fixés à des roues, faisant tourner des manches de bois qui, à
leur tour, faisaient bouger les statuettes de la crèche. En raison de la foule,
la crèche restait ouverte jusqu’au mois de Février.
La
construction de crèches à Malte a été influencée principalement par le style
napolitain, qui était très populaire en Europe jusqu'à la fin du siècle dernier.
Les membres
de la noblesse maltaise qui pouvaient se permettre d'acheter les statuettes
sculptées alors à Naples, demandaient à ces artisans de leur construire des
berceaux élaborés et couteux. Toutefois, ce style ne représentait pas assez la
«Sainte Nuit» pour les Maltais et ne fut pas chaudement accueilli par la
population. Il est dit qu'en guise de protestation, la plupart de ces crèches
étaient brûlées pendant l'hiver.
D'autre part,
le style sicilien de la crèche, introduit à Malte par
Benedetto Papale,
un moine
franciscain de Sicile qui avait vécu à Malte depuis quelque temps, était plus au
goût de la population maltaise. Une de ses crèches peut-être encore visitée à
Modica, en Sicile. Son style était plus accepte par les Maltais, peut-être
à cause des ressemblances entre la campagne de Malte et celle de Sicile
représentée dans les crèches. Malgré cette influence étrangère, les crèches
maltaises ont suivi les traditions locales en ce qui concerne les métiers, les
costumes, les instruments de musique et les bâtiments représentés. Les fermes et
les moulins à vent (qui produisent de la farine) de Malte figurent toujours dans
les crèches construites sur place.
La
construction de crèches à Malte a atteint son apogée pendant le XIXe siècle et
la première partie du XXe siècle. Les éléments le plus couramment utilisés
étaient les pierres rustiques ou sèches, très abondantes dans la campagne
maltaise, et les résidus de charbon, communément appelés
«gagazza», généralement achetés aux forgerons. Ces deux éléments ont
contribué à former la forme de base de la crèche. Après Noël, ils pouvaient être
démontés et stockés jusqu'à l'année suivante.
L'introduction de carburants dans les fours modernes a supprimé le charbon et
par conséquent la «gagazza» est
devenue beaucoup plus rare, tandis que l'utilisation des pierres rendait la
construction difficile. Cela a pousse les amateurs de crèches vers un autre
support, le papier mâché. Cet élément rendait les berceaux plus solides et
légers, mais il présentait un problème de stockage. Pour cette raison, les
crèches étaient très souvent détruites après Noël et de nouvelles étaient
construites l'année suivante.
Un autre
aspect intéressant de la crèche est l'évolution des statuettes ou «pasturi». Les
premières figurines étaient plutôt chères et une grande partie de la population
ne pouvait se les procurer. De nombreuses personnes ont donc conçu leur propres
«pasturi»: avec de l'argile, ils formaient des figurines très robustes et puis
peignaient leur visage, leurs mains et leurs vêtements.
Des
personnes plus entreprenantes, si ce n'est plus talentueuses, ont crée des
moules en plâtre dans lequel de l'argile molle était pressée pour produire des
figurines. Ces statuettes étaient produites en grand nombre et vendues pour un
"sou". Quelques spécimens existent toujours et sont précieusement gardés dans
des collections privées. Elles sont connues comme le
«pasturi
tas-sold»
«sold» étant le mot
maltais pour «sou» (équivalent a environ 0,03
$). La cire de bougie, elle aussi
pressée dans des moules, était un autre matériau utilise pour la fabrication de
statuettes de l'enfant Jésus (ou autres).
Vers le
milieu du 20ème siècle, et particulièrement après la fin de la Seconde Guerre
mondiale, de nouvelles coutumes et traditions ont été introduites à Malte,
contribuant au déclin des traditions et du folklore local. L'arbre de Noel, plus
facile à installer, a connu une certaine popularité et a rendu lourde et désuète
la crèche. La production de masse de figurines en plastique en vêtements
contemporains et peints dans des styles brillants (qui n'avaient plus le charme
des figurines traditionnelles) a contribué encore plus à cette perte de la
tradition.
En l'an 1907
fut fondée la Société de la Doctrine Chrétienne, connue sous le nom de
M.U.S.E.U.M., acrostiche signifiant
"Maître, puisse le monde entier suivre l'Évangile". Poussée par sa devise, «VERBUM
DEI CARO FACTUM EST», qui signifie «Le Verbe de Dieu s’est fait chair» cette
société, sous la direction du saint Georges Preca, son fondateur, a voulu
ranimer l'amour du "vrai" Noël. Chaque Décembre, les enfants qui avaient assisté
au cours de l'année aux leçons de doctrine, recevaient comme cadeau une réplique
de l'Enfant Jésus ou une petite crèche. Une autre initiative de cette société
fut l'organisation d'un défilé annuel la veille de Noël, au cours duquel une
réplique grandeur nature de l'Enfant Jésus était portée par les membres de la
société tandis qu'étaient entonnés des chants de Noël. Ces processions qui ont
débuté en 1921 font encore partie de la scène de Noël dans les villes et
villages de Malte.
La tradition
Maltaise de la construction de crèches a aussi été maintenue par quelques
passionnés qui construisaient des crèches et les exposaient au public. C'est
grâce à ces personnes que la coutume n'a pas disparu entièrement.
En 1986,
quelques passionnés de la crèche se sont réunis et ont fondé la
Société des Amis de la Crèche. La
mission du groupe est précise: promouvoir à Malte la tradition de la
construction de crèches. Pendant les vingt quatre dernières années, la Société a
réussi à ranimer l'amour de la crèche et compte aujourd'hui plus de quatre cents
membres actifs. Durant l'année, les membres de la Société se réunissent pour
discuter de divers aspects de la crèche, assister à des conférences sur
l'histoire de la crèche à Malte et à l'étranger, ainsi qu'à des démonstrations
de construction de crèches données par les membres aînés de la société. Pendant
les vacances d'été, des cours de construction de crèche sont ouverts aux
amateurs de tout âge, pendant lesquels sont présentés et discutés les matériaux,
les styles ainsi que les diverses techniques. Sont aussi organisées des séances
pratiques, fortement fréquentées, où les membres (surtout les nouveaux) sont
invités à bâtir leur première crèche.
Chaque année,
lors de la semaine qui précède Noël, les Amis de la Crèche exposent certaines
œuvres de leurs membres. Sont ainsi exposées environ cent crèches de différentes
formes et tailles, construites à partir de divers matériaux (tels que papier
mâché, polystyrène, liège, etc.) pour que les visiteurs (habitants et touristes)
puissent être témoins de
la naissance de
l'Enfant Jésus.
Une galerie de
crèches exposées par les Amis de la Crèche (Malte), connu S sous le nom Ghaqda
Hbieb
tal-Presepju
(Malta),
dans les années passées, peut être
consultée sur le site Internet de la Société.
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